Biennale de la photographie 2017 . BAMAKO

Afrotopies OFF

« Regards de femmes & hommage à Malik Sidibe » Pierre Amrouche

Pierre Amrouche est né à Paris en 1948. Il est le fils du poète kabyle Jean-Mihoub Amrouche, qui fut l’ami d’Albert Camus, de Jules Roy ou de Robert Barrat et fut un fervent partisan de l’indépendance algérienne. De cette ascendance, Pierre a gardé les deux nationalités, algérienne et française, et un ancrage intense dans les mondes d’Occident et d’Afrique.

Antiquaire spécialisé en art africain et expert en art primitif et art populaire, Pierre Amrouche a été l‘expert de ventes prestigieuses telles celle de la collection Goldet et a rédigé de nombreux catalogues et des articles sur les arts premiers.

Il passe une grande partie de son temps en Afrique, au Togo, où il écrit des recueils de poèmes notamment, publiés chez « Présence africaine » (« Fraternité océanique, Chants de Lomé, Treize Charmes d’Afrique, Regards de masques »). La photographie serait son jardin secret s’il ne la donnait à voir de loin en loin.

De ses voyages en Afrique et de ses périples dans les arts premiers, Pierre a rapporté en images des visages, des postures, des fragments d’humanité qu’il met en rapport, avec tact et finesse, avec la plastique et le mystère des fétiches et des masques dont il a l’expertise. Dieux noirs et diable au corps, comme dans un film de Glauber Rocha, entre fascination et vénération, le travail de Pierre est tout de passion et d’amour.

On évoquerait volontiers les clichés de Man Ray ou les moments parfaits chers à André Breton tant le réalisme d’Amrouche tend au surréalisme d’un « ready made » photographique. “Au départ il ne s’agit pas de comprendre mais bien d’aimer” écrivait Breton, le père du surréalisme. Aimer bien plus que comprendre, comme dans une chanson de Piaf ou d’Aznavour : les clichés de Pierre sont comme les paroles et la musique d’un grand chant d’amour argentique. Nul besoin de commenter ces visages, ces reflets sur la patine des masques, ces mains burinées par le labeur comme des palimpsestes. “Le moins que l’on puisse demander à une sculpture, c’est qu’elle ne bouge pas” se moquait Salvador Dali : dans l’immobilité des clichés, l’humanité belle et simple que nous offre Amrouche danse la vie.

C’est pourquoi l’hommage de Pierre à Malik Sidibe ne surprendra pas. En regardant ces visages et ces corps magnifiés, je me souviens intensément de ce cliché prodigieux du Maître, « Happy Club, Nuit de Noël 1963 ». Deux êtres exquis immortalisés dans leur ineffable parade d’amour… Il ne pouvait en être autrement : revenant au Mali, Pierre Amrouche place affectueusement son travail sous le regard du Lion de Bamako. L’un comme l’autre, ils célèbrent l’Afrique, capturant sa jeunesse, sa beauté, son énergie.

O&S Agence Conseil, Bamako, Mali